Moi, Cabeza de Vaca

Je suis né quand Colomb armait ses caravelles,
Quand le roi Ferdinand et la reine Isabelle,
De l’Espagne chassaient les Maures en retraite.
Un siècle finissait avec la Reconquête.
Ensuite, vint le temps des grands conquistadors,
Avec l’avènement de notre Siècle d’Or

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Notre renom remonte à l’an mil deux cent douze.
Face au More régnant sur la terre andalouse,
Aux Naves de Tolose, à moins d’un contre quatre,
Les Chrétiens réunis s’apprêtaient à combattre.
Mon ancêtre Martin, un simple roturier
Qui passait pour hardi, un vrai aventurier,
Avait, tel Hannibal, vu quelle était la faille
Pour tourner l’ennemi et gagner la bataille.
Il avait découvert un sentier de montagne
Débouchant sur le flanc des Maures en campagne.
Il en marqua l’entrée d’une tête de vache.
Ennobli, c’est ce nom qu’il prit, avec panache.

(L'Inconquistador, extraits pp.22-23)

Alvar Nuñez Cabeza de Vaca

Alvar Nunez Cabeza de Vaca, est l’un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé. Digne d’une place de choix dans l’Histoire du monde et des civilisations, il est pourtant pratiquement inconnu des Français. On trouve son nom dans la liste des conquistadors, bien qu’il n’ait rien conquis.

Pour l’auteur texan, Dan Florès, c’est l’« Autre », tant il fut différent des membres de cette confrérie mal famée. Et Henri Miller considérait, qu’à lui seul, il avait racheté tous leurs crimes. Dans quelques dictionnaires et encyclopédies il est cité comme explorateur. Il mérite ce titre pour avoir été le premier a parcourir, observer et décrire le Sud des actuels Etats-Unis, de la Floride à la Californie, entre 1529 et 1536, puis découvert les chutes d’Iguassou, en 1544, aux confins du Brésil, de l’Argentine et du Paraguay !

Mais cet hidalgo andalou qui force l’étonnement et l’admiration, est bien plus que cela. Il est l’un des plus grands marcheurs de tous les temps et, tout à la fois, premier voyageur de commerce, ethnologue, historien, écrivain et chirurgien d’Amérique du Nord. Pour cette dernière qualité, l’association des chirurgiens du Texas, l’a choisi comme saint patron, alors qu’aucune béatification papale n’est plus à attendre ! L'Université du Texas lui consacre encore plusieurs programmes de recherche.

Devenu, dans la deuxième moitié de son périple nord-américain de plus de huit mille kilomètres, une sorte de shaman, réalisant des guérisons aussi nombreuses qu’époustouflantes, adulé par des milliers d’Indiens de cent tribus différentes, mais toujours apôtre de la foi chrétienne, Cabeza de Vaca, aurait tout autant pu être sanctifié que condamné à brûler sur les bûchers de l’Inquisition.

 

CHRONOLOGIE*

1490
Né à Xeres, petit-fils de Pedro de Vera, conquérant des Canaries.
1527
Départ de San Lucar de Barrameda, Trésorier du Roi dans l'expédition de Panfilo de Narvaez.
1536
Après un périple de près de 8000 km à travers le Sud du continent nord-américain èmaillé d'aventures, naufrage, esclavage (épopée rapportée dans sa Relation à Charles-Quint et dans ce livre), arrive à rejoindre Mexico avec trois compagnons. Retourne en Espagne l'année suivante.
1540
Cabeza de Vaca en Amérique Latine : nommé Gouverneur du Rio de la Plata, monte une expédition vers le Brésil.
1542
Découvre les chutes d'Iguassou. Fonde la Cité des Rois. Recherche le mythique"Eldorado".
1546
Condamné par le Conseil des Indes, est exilé à Oran. Amnistié et nommé Juge par l'Empereur Philippe II.
1559

Mort à Séville (retiré dans un couvent).


* La chronologie de ses aventures entre 1527 et 1537 est précisée dans "L'Inconquistador"

 

 

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